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Le bonheur est un parfum sans nom

Ce roman de Didier Leclair me rappelle une émission télévisée que j’ai suivie pendant des années sur TV 5 : « Bienvenu en terre inconnue ». Car, les premières pages m’ont donné l’impression que le Jazz était le personnage principal, le héros de l’histoire. Or, ma culture musicale, et ma « culture jazz » en particulier, n’est pas seulement médiocre, elle est nulle. Au début, j’ai donc pensé que l’auteur, dont j’ai déjà lu avec plaisir quatre romans, a fait un pari risqué en espérant embarquer un lecteur de mon acabit dans un tel voyage. La présence obsédante du jazz, la connaissance impressionnante de l’histoire de ce genre musical et de ses protagonistes importants, la description des instruments et de leur rôle dans l’orchestre, l’inévitable jargon de la spécialisation, toute cette érudition aurait pu donner le tournis à l’analphabète en musique que je suis.


Et pourtant… contre l’expérience, il n’y a pas d’argument qui tienne! Que je ne me sois pas retrouvé en territoire familier à propos du jazz, cela ne m’a pas bloqué ni même freiné. J’ai dévoré le roman d’un trait, presque sans pause. Le sceptique en moi a été confondu! Au début, j’ai cru que je n’y arriverais pas et, à la fin, je me suis demandé pourquoi et comment j’ai mordu à l’hameçon. Question inutile puisque le roman avait rempli ses promesses : me divertir, me tenir en haleine! Cela aurait dû me suffire. Mais la question m’a trotté dans la tête jusqu’à ce que je consente à chercher une réponse. J’ai donc relu l’ouvrage, « en diagonale », plus exactement, en faisant l’impasse sur les développements à propos du jazz et en revenant sur les passages qui m’ont accroché lors du premier parcours.


Je me suis alors rendu compte que l’histoire m’a captivé parce qu’il s’agissait d’un roman et non d’une monographie sur le jazz. Le jazz y joue un rôle de « liant » ou de catalyseur qui rassemble une bande d’amis autour du héros-narrateur. Ce qui fascine, c’est l’aventure de cet écrivain sans nom, mordu de jazz et même occasionnellement « batteur » dans la quintette de son ami Winston; un homme survivant difficilement de son art, divorcé mais fier papa d’un fils et d’une fille qui l’adorent et qui se débrouillent beaucoup mieux que lui dans la vie… Ce qui accroche, c’est aussi « le jeu de l’amour et du hasard » qui entraîne cet artiste à la poursuite de la mystérieuse « Miss Perfumado », une ensorcelante jeune femme qui le trouve beau danseur mais le contraint à une longue patience, à une éprouvante mise en attente.  Comme tous les grands romans, celui-ci parle donc de la vie, de l’amour, de la beauté du monde, de la souffrance des humains… Les personnes qui connaissent l’auteur remarqueront sûrement qu’il ne cherche pas à dissimuler certaines ressemblances entre lui et le héros du roman.


Melchior Mbonimpa

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